J'AIME PAS L'ETE


J'AIME PAS L'ETE par Batistin artiste

J'aime pas l'été

 par Batistin artiste


J'aime pas l'été.
Tout y est permis, le bruit, les insultes,
la bonne blague raciste ou de cul érigée en pensée,
les amours rapides et sans lendemain,
les selfies en guise de souvenirs,
les prix exorbitants,
les repas apéros obligés avec un voisin
qui nous aime tout à coup pour nous oublier tout l'hiver,
les camping cars, véhicules de liberté, alignés sur des parkings ordonnés,
les enfants qui hurlent d'ennui,
les chiens en laisse à la plage,
l'odeur nauséabonde des tout à l'égout débordés,
les fêtes sans autre musicien qu'un pavé informatique,
les tubes débiles en deux temps trois mouvements,
marches militaires faciles à danser,
les beuveries stupéfiantes, les stupéfiants à boire, renifler ou fumer,
les lois votées au Parlement dont personne n'a connaissance,
la météo au service du chiffre d'affaire des galeries marchandes abritées,
l’indécence des grands-mères encore jeunes,
la vulgarité des doigts tendus dans les Eglises
pour y exprimer, à voix haute, son savoir historique,
l'emploi des mots "traditionnel" et "artisanal" écrits en lettres épaisses sur tout et n'importe quoi,
le manque de respect de celles et ceux qui se décident à ouvrir leur portefeuille dans nos ateliers,
comme si sans eux, nous, artistes toute l'année, nous ne pouvions vivre sans être une fois par an
traités plus mal que le marchand du souk du désert .
Souk où d'ailleurs les joyeux touristes ne vont plus,
y préférant porter leur fierté imbécile de conquérants,
jusqu'à nos ateliers de montagne.

Alors, chers vacanciers, oui, nous sommes heureux de vous voir, de vous rencontrer,
vous êtres humains étranges, violents et toujours pressés,
en quête perpétuellement d'une bonne affaire.

Mais, quand vous repartirez,
les quelques pièces que vous aurez laissées,
finiront dans le tronc de l'église du village.
Pour y payer la cire des cierges que nous allumerons,
pour prier pour vous.
Que la joie simple d'être au monde vous revienne enfin !