La liberté d'expression ou le miroir grotesque


La liberté d'expression ou le miroir grotesque

La liberté d'expression ou le miroir grotesque

 par Batistin artiste

"Ta mère est une traînée !",
ou "Je vous aime tel que vous êtes", au choix ,
les deux phrases sont à classer dans la sacro-sainte et républicaine "Liberté d'expression".

Mais, si l'on me dit la première, je me sens un peu privé de la fierté naturelle d'être au monde,
quoi que la seconde me rassure un peu sur l'effet néfaste des couillonnades supposées de ma maman.

Dans les deux cas, me voilà bel et bien prisonnier de la liberté d'expression
d'un mec que je ne connaissais pas deux minutes avant !
C'est ainsi qu'est née surement ce que l'on nommera plus tard "l'instruction civique".

Si la liberté d'expression consiste à mettre en garde tout un système contre ses propres dérives,
oui, elle est utile et nécessaire.
Les moyens employés pour l'expression de cette liberté peuvent-ils être codifiés ?
Ils le sont de fait, puisque la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres.

Ce qui ne veut plus rien dire quand on tape là où ça fait mal,
chacun ayant ses propres limites à la douleur morale ou physique qu'il peut supporter.

En clair si je vous dis, là, maintenant, à vous qui lisez ici, que vous êtes le roi des cons,
ou la reine des andouilles, je ne suis pas certain de savoir par avance votre réaction !

Par contre, en petit comité, en famille, nous savons tous quelle limite est supportable,
et les mots "con" et "andouille" peuvent parfois prendre un sens disons amical.

En famille, nous connaissons nos limites, et celle de la liberté d'expression.
Nous savons aussi parfaitement comment mettre en colère notre soeur,
notre petit frère ou notre belle-mère.
Il suffit de lancer un mot, une discussion, toujours la même,
pour que la guerre soit déclarée et que le dîner finisse dans de grands cris,
des pleurs et des disputes, et que remonte l'aigreur des sales affaires pas réglées.

°
Les médias ont au repas de famille leurs patrons qui trônent en bout de table
et nous assis pèle-mêle sur les chaises que l'on nous offre.
Pourquoi ne pas penser qu'eux aussi savent gérer,
au mieux de leurs intérêts, la liberté d'expression ?

Avec quelques erreurs surement,
gravissimes erreurs parfois puisqu'il en va de la vie humaine,
mais en général, la liberté de la presse n'est qu'un outil fort efficace
pour emplir dès le lundi matin les usines et les supermarchés en tout genre.

Fort efficace aussi pour emplir les urnes électorales de bulletins
certifiant notre obéissance au tout puissant chef de famille.

La presse libre est une vaste farce, il suffit d'imaginer la baffe
que nous aurait mis notre papa, si,
au titre de la liberté d'expression vous aviez tenté un "Ta Mère !",
en guise de réponse à une question posée sur...
"la Divine Comédie" de Dante Alighieri..

Oui nous sommes des enfants, assis à une table étrange,
nous partageant les restes du gargantuesque repas d'un père abusif.
Et toujours prêts à nous disputer entre nous,
simplement quand le chef de famille a envie, entre deux rots ,
de s'amuser un peu.


Alors usant et abusant ici de la "liberté" à la mode,
celle d'exprimer des gros mots inutiles,
voici:

Journalistes, vous vous présentez à nous comme les avocats du diable,
en charge d'envisager toutes les possibilités par la liberté d'expression,
mais vous n'êtes que de pâles serviteurs, grimés et laids pour amuser,
vous êtes le miroir grotesque de vos princes:
des bouffons !
De riches bouffons couverts d'or.

Tentez donc, pour changer, le respect,
ça vous rendra libres et expressifs !


batistin.com