Grand Large par Pascal Caro


Grand Large par Pascal Caro

Grand Large

  par Pascal Caro

Hé, camarade !
Quand le bateau coule
Que le mat usé craque
Quand la tempête fait rage

Que reste-t-il de tes prétentions
Quand rien plus ne te va
Que tu voudrais autre chose
Que pourtant ça insiste ?

Quand rager ne sert à rien
Quand l'orage se fait plus sombre
Quand on te regarde bizarre
Quand tu es "un pauvre perdant"

Que reste--t-il vieux camarade
De ces brillances
Creuses comme une tombe oubliée
De tes déclarations d'intention ?

Et Toi vieux loup des mers
Tu me scrutes de tes yeux de feu
Tu souris, cannibale édenté
Victorieux loqueteux

Tu pues le vingt ans d'âge
La moule fraîche du jour
Osée mais permets moi l'image
Le vieux tabac corsé

Tu me frappes sur la cuisse
D'un geste entendu, rigolard
Tu étends les bras:
Regarde !

"Ça coule ton rafiot
Mais ça a de la gueule, non ?
Plus que de la poussière
Entre tes doigts fiston !"

Effrayé, ahuri, sonné
Mais debout
Je ne comprends plus rien
Et je ris avec Toi

Pour de vrai
Parce que tout fout le camp
Plus de factice romantique
Que de l'authentique qui gicle