Les dangers du (nouveau) bon fromage
par Atelier AmabatiLes grands industriels se croient à l’abri des saletés qu’ils font,
comme si les rivières restaient propres
juste quand ils décident avec leurs enfants d’y mettre un doigt de pied .
Fatigués de se baigner dans des piscines aseptisées et payantes,
et de mal manger ,
une horde de pauvres hères s'est levée, une horde d’insoumis à l’esprit inventif.
Ainsi est née la « décroissance ».
Un truc étrange qui se targue de trouver remède à tout
par le système des circuits courts entre producteurs et consommateurs , ce qui est une bonne idée !
Mais, pour être de la tribu, ne parlez que de fromage ou de légumes sains,
et surtout apprenez à réduire vos besoins !
Or, le classement des besoins se fait d’après une règle simple, en trois points,
le vital, l’utile, le plaisant.
Et bien figurez-vous que cette communauté ne sait pas classer l’art
autrement que dans le plaisant !
Ce qui me semble être une insulte faite à toutes les générations d’artistes
accompagnant depuis toujours toutes les tribus humaines.
Me voici dont devant une horde, me donnant conseil sur mon activité,
m’expliquant avec insistance comment me priver de tout,
fabriquer mon énergie et cultiver mon champ.
Aucun n’ayant l’idée pourtant simple de me proposer le moindre argent
pour continuer à exercer mon art !
Le (nouveau) bon fromage a un prix pourtant .
Et bien nos sculptures aussi !
De plus, chers donneurs de leçon, nous avons, ma compagne et moi-même,
passé quelques mois à mille mètres d’altitude sans eau et sans électricité.
Et bien figurez-vous que dans cette aventure décroissante
nous avons continué à classer comme besoin indispensable
d’allier l’esprit artistique à la cuisson du sanglier !
La grande finance dévoie l’art en le conceptualisant pour en faire une marchandise.
Les décroissants ont une facheuse tendance, souvent (!), à le mettre dehors
pour décorer gratuitement l’entrée de leurs grottes.
Pour ceux qui restent et qui placent notre activité,
juste après l’indispensable pain, à sa juste utilité,
nous nous ferons plaisants !