La Beauté et la Joie par Batistin


La Beauté et la Joie par Batistin

La Beauté et la Joie

 "Une belle guerre" par Batistin

Il fut un temps béni, le temps béni oui oui,
où ma vieille en sourire m’apprenait la diplomatie.
Gosse c’est par le « non » que l’on se construit,
que l’on affirme son identité et que l’on réalise que « Je » existe.

Si vous tombez par hasard sur un vieux qui dit « non »
ne soyez pas certain qu’il est jeune d’esprit ou complètement sénile.
C’est un long chemin que de se refuser en toute conscience
à bouffer du pain béni et risquer d’y perdre le paradis.

C’est une tentative belle et dangereuse
d’opposer aux féroces un point de vue humain.

Le combat de front, quand tout semble perdu…
Et puis, quand tout est définitivement perdu,
j’ai souvenir d’une histoire qui me hante,
un cauchemar à vous couper le souffle,
cette femme nue dans un tiroir de bois
qui lui servait de couche en camp d’extermination.

Elle avait avec ses ongles et ses dents
sculpté dans un fragment de planche
un fleur qui souriait… et qui disait non !

Depuis que, froid dans le dos, j’ai appris jeune
ce que certains êtres humains sont capable de faire,
je n’ai pu me départir d’une peur incommensurable,
et aussi d’un certain dégoût de moi ..
Après tout les monstres sont mes frères humains, belle famille !

Ne sachant que faire contre les puissants qui nous écrasent,
je n’ai comme héros que cette femme nue, maigre et si belle à la fin,
et me suis engagé sur l’honneur et auprès de mon âme, à lutter par le beau.

Imposer aux regards froids ce que nous avons et qu’ils n’auront jamais,
le plaisir insensé d’être à la vie, bien malgré eux, toujours heureux.
C’est une voie pour lutter que d’affirmer la tendresse et la beauté…

S’opposer sans fin, si ce n’est notre propre mort, à ceux qui embrigadent
et ne connaissent du monde que le tracé idiot de la ligne droite.
Et y trouvent en plus en point d’orgue un début et une fin, c’est à pleurer.

S'opposer par une ligne courbe, une ronde joyeuse !
Une ligne courbe et un temps circulaire, un début et une fin sans cesse renouvelés,
la beauté, le rythme, l’équilibre, le mouvement, et la vie !

Et puis, comme le disait mon adjudant, "autant faire une belle guerre…"