Coquelicots, bleuets et nielles des blés s'en sont allés - Texte par Batistin


Coquelicots, bleuets et nielles des blés s'en sont allés - Texte par Batistin

Coquelicots, bleuets et nielles des blés s'en sont allés

 par Batistin

Coquelicots, bleuets et nielles des blés s'en sont allés.
Fêter les saisons sans les fleurs amies,
un arbre rescapé à l’horizon qui tremble encore de sa solitude soudaine ,
voilà une belle toile en perspective !

Entre la Tradition ancestrale et le Ministère de la Culture, un gouffre s’est créé.
Une fosse où gît la Beauté que l'on peignait,
où les artistes en charge de la défendre se jettent et y meurent.

Un vaste champ de décombres où la démarche artistique n’est jamais rassasiée de violence,
une affamée qui avale plus vite que les journaux n'impriment d'horreurs .

L’artiste peintre en bisons de la grotte ancestrale avait déjà sa place dans la communauté.
Celle un peu magique de savoir exprimer une émotion partagée, vécue par toutes et tous.

Aujourd’hui les férus de Traditions veulent des oeuvres en totem pour le jour de la fête du printemps.
C’est ici, au fin fond de nos campagnes la place de l’artiste, mourir de faim, mais honoré.

Dans les salons mondains c’est tout autre chose, l’artiste y meurt aussi, mais d’une mort lente,
transformé peu à peu en machine à fabriquer de la valeur marchande.

Entre les deux, reste une chose indéfectible, inexplicable peut-être:
un rapport étroit avec l’oeuvre engagée, un échange entre l’esprit et les mains qui s’agitent,
n’ayant au fond d’autre sens que d’exprimer le temps qui passe.

C’est, vous en conviendrez, dans un monde où tout se doit d’être rentable,
ce qui s’appelle être payé à rien foutre. J’en suis fier, c’est mon boulot !